Préface de Julien Holtz
LES SUPER-HEROS DE MON ENFANCE
Vous vous doutez bien qu’avec un papa comme ça je n’ai pas pu grandir autrement que biberonné aux images des grands événements sportifs ! Lui qui voyageait la moitié de l’année pour être à l’antenne, là sur le Dakar, ici sur le Tour de France, par là au bord du central de Roland-Garros, et puis à l’autre bout du monde sur la piste aux étoiles des Jeux… Et pour voir mon papa adoré, je vivais – comme le chantait Goldman – « [ma] vie par procuration, devant [mon] poste de télévision »… Pour moi, les Jeux rimaient avec « vacances » et « été »… Le soleil, la plage, les copains, les parties de Nintendo, les super-héros des mangas au programme du « Club Dorothée » : je n’avais d’yeux que pour Olive et Tom, Les Chevaliers du Zodiaque et Dragon Ball Z… Et puis il y avait mon père, ce héros de la télé, et des sportifs aux super-pouvoirs extraordinaires…
Mes premiers grands souvenirs des Jeux sont mêlés d’émotion (celle de Derek Redmond meurtri à Barcelone et soutenu par son père pour finir son 400 m – voir p. 130) et d’admiration (pour les doublés 200 m/400 m de Michael Johnson – voir p. 93 – et de Marie-José Pérec – voir p. 74 – à Atlanta, et pour l’exceptionnelle carrière de Carl Lewis – voir p. 105)… Depuis, j’ai ajouté à ma liste des émerveillements les 9 s 69 d’Usain Bolt à Pékin (voir p. 95), l’or de Rio pour Teddy Riner (voir p. 84) après le doublé de Douillet (voir p. 80), la fraîcheur et la candeur de Laure Manaudou à Athènes (voir p. 82), le sketch de la reine d’Angleterre qui saute d’un hélicoptère avec James Bond lors de la cérémonie d’ouverture en 2012 à Londres (voir p. 27)… Londres où je me suis surpris – sûrement comme une grande partie des téléspectateurs français – à hurler derrière les torpilles françaises du 4 x 100 m nage libre en or !
Émotion donc et admiration pour ces légendes du sport. Et puis fibre patriotique aussi… L’excitation d’une finale et l’exaltation de la victoire… Gloires tricolores et célébrations multicolores… Quand la France gagne par sa diversité et son métissage avec Alain Mimoun (voir p. 75), Djamel Bouras, Brahim Asloum, Ghani Yalouz… Quand la France gagne en équipe dans l’eau, sur le tartan, ou encore balle en mains…
Tous les 4 ans, les Jeux font du sport une communion mondialisée et pluraliste, capable de réunir les légendes du sport business et les représentants anonymes de pays exotiques… L’attraction médiatique de l’événement offrant un formidable coup de projecteur, on se prend alors au jeu de sports « minoritaires » habituellement dans l’ombre du football, du tennis, de la F1… N’étant pas naïfs, nous n’ignorons pas le revers de la médaille : le poids de la géopolitique dans l’histoire de l’olympisme (voir p. 28), l’impact du soft power, les affaires de dopage (voir p. 182), les sommes astronomiques investies à chaque fois pour construire des installations parfois laissées à l’abandon par la suite…
Entre grandeur et décadence, mythes et scandales, exploits et tragédies, la légende des Jeux est remplie de petites histoires (dont certaines totalement inconnues du grand public) que nous avons adoré vous raconter… Et nous espérons que vous allez les savourer avec appétit !
Julien Holtz